La sous-déclaration des maladies professionnelles : communication d’Anne Marchand au congrès national du SNPST 2023. L’enregistrement de l’intervention est disponible sur demande

21 Avr 23 | Actions syndicales

CONGRES DU SNPST

Samedi 18 mars 2023

 

Anne Marchand est docteure en histoire contemporaine et sociologie. Elle a préparé et soutenu sa thèse de doctorat “Reconnaissance et occultation des cancers professionnels” à l’IDHES, université d’Évry. Anne Marchand co-dirige le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers professionnels (Giscop93). De cette expérience, elle rend compte dans un livre publié en octobre dernier aux éditions de l’Atelier, Mourir de son travail aujourd’hui, enquête sur les cancers professionnels. Un fléau évitable, ouvrage dont la présentation fera l’objet de notre congrès. Elle poursuit aujourd’hui son enquête sur les facteurs d’invisibilité des cancers professionnels en suivant des personnes atteintes d’un cancer de la vessie ou du rein. 

Selon un récent rapport, chaque année 50 000 à 80 000 nouveaux cas de cancer en France seraient d’origine professionnelle. Le cancer est même la première cause de décès par le travail en Europe. Mais qui en parle ? Qui revendique la suppression des produits toxiques au travail ? Les principaux concernés eux-mêmes, salariés ou anciens salariés, ne savent pas le plus souvent que leur cancer peut trouver son origine dans leur travail passé. En rejoignant le Giscop93 (Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle), un dispositif de recherche action inédit qui vise à rendre visible la responsabilité du travail dans l’épidémie de cancer, Anne Marchand eu l’occasion d’accompagner près de deux cents salariés et retraités atteints d’un cancer et leurs proches dans leurs démarches de recours au droit de la réparation. Coiffeuses, ouvriers du bâtiment, mécaniciens, agents de nettoyage, mais aussi laborantins, travailleurs agricoles, manucures, vétérinaires, ou sous-traitants dans les centrales nucléaires, apprentis, etc. Nombre de salariés ignorent qu’ils font peut-être partie des millions de personnes exposées à des agents cancérogènes sur leur lieu de travail. Anne Marchand mêle approche historique et enquête ethnographique pour interroger tous les aspects de la reconnaissance en maladie professionnelle. Ce faisant, elle ouvre un champ de réflexion plus large sur le travail et la nécessité de mettre un terme aux activités pathogènes. Un ouvrage qui appelle à surmonter la fatalité des cancers professionnels, et à requestionner la valeur des vies au travail pour en finir avec cette épidémie silencieuse.